Biographies & autobiographies, Historiques, Témoignages

Mémoires de Louis XIV ou le Métier de roi

« Et sur ce sujet, mon fils, de peur qu’on ne veuille vous imposer quelque fois par les beaux noms d’Empire romain, de César ou de successeur de ces grands empereurs, dont nous tirons nous-mêmes notre origine, je me sens obligé de vous faire remarquer combien les empereurs d’aujourd’hui sont éloignés de cette grandeur dont ils affectent les titres. »

Louis XIV, Mémoire de Louis XIV ou le Métier de roi, Éditions Tallandier, 2007, p. 92.

Motivations initiales

Pour moi, la lecture est synonyme d’évasion mais également de découverte. J’aime beaucoup sortir des sentiers battus, faire du hors-piste, sortir de ma zone de confort… Bref, aujourd’hui je vous propose une lecture complétement décalée et qui ne suscitera pas un nombre de visites hallucinantes sur notre blog, mais qu’importe, je ne blogue pas pour le nombre de visites ou de followers, je blogue parce que j’aime partager, échanger et faire des découvertes ! Embarquons donc pour un aller simple au temps du Roi soleil !

Synopsis

L’Histoire compte un grand nombre de personnages mythiques qui font parfois rêver les foules et dont on voit fleurir les biographies dans les librairies. Louis XIV ne déroge pas à la règle, chaque année, de nombreuses publications, plus ou moins sérieuses scientifiquement parlant, lui sont consacrées.

L’ouvrage commence par une préface de Joël Cornette qui dresse un rapide – mais très sérieux – bilan du règne de Louis XIV, tout en proposant un survol de l’historiographie concernant le monarque. Extrêmement claire et précise, elle met en lumière la mémoire de Louis XIV à travers les siècles et explique comment – et pourquoi – ces mémoires destinés à un seul lecteur – le Dauphin – sont devenus publiques.

Dans ces Mémoires, Louis XIV s’adresse directement à son fils, avec pour objectif de lui enseigner « le dur métier de roi », en lui expliquant l’ensemble de ses actes – la guerre, les relations avec les Grands du royaume, la place de la religion, les finances de l’État, les relations avec les autres puissances européennes – depuis sa prise de pouvoir personnel en 1661 jusqu’aux années 1710.

Avis

> L’avis de C

Comment conserver la moindre objectivité en rédigeant cette chronique ? Vous commencez à connaître mes goûts quelque peu éclectiques : Bridget Jones & Hannibal Lecter sont mes idoles mais j’aime également le grand roi guerrier et sa solide éducation militaire faite par Turenne, ses longues correspondances avec le Maréchal de Vauban… Mille pardons, je m’égare mais, vous l’aurez compris, Louis XIV est un peu mon « crush » comme diraient les jeunes !

L’ensemble de ce livre peut paraître rebutant à certains… J’avoue que l’ancien français, les tournures de phrases « qui manquent de rondeur » et sont très lourdes par moment peuvent déboussoler le lecteur et lui faire lâcher ces Mémoires. Quel dommage ! Car si l’on passe au dessus du style du XVII-XVIIIème siècles, on pousse les portes du royaume de France et de la complexité de son fonctionnement…

En 1661 – date de début de ses Mémoires -, Louis XIV a vingt-trois ans et il prend personnellement le pouvoir après la mort du Cardinal de Mazarin. Sa première décision est de supprimer la charge de ministre principal, probablement autant par peur de se laisser influencer que pour avoir la haute main sur son propre règne. Il s’adresse à son fils, le Dauphin, prétendant officiel à la couronne, qui aura la charge du royaume à sa mort. Louis XIV lui détaille les nombreuses tâches qui incombent au roi et la pénibilité de la charge… Il tente de lui faire comprendre que l’autorité est essentielle pour que l’État ne vacille pas mais qu’il ne faut pas pour autant oublier de composer avec les sujets du royaume, l’Église et les autres puissances européennes. Il tente également de lui expliquer ses propres actions militaires – non pour se vanter, mais bien pour expliquer comment et pourquoi il a structuré son armée et toutes les institutions et charges qui participent de la sphère militaire -. Il n’oublie pas de détailler le jeu des alliances à travers la politique matrimoniale que l’on ne doit pas négliger et oublier… Enfin, Louis XIV parle des finances de l’État – inutile de vous rappeler qu’il s’agit véritablement du nerf de la guerre et que, pendant son règne, les caisses de l’État sont vides et que la dette ne cesse de croître. On brasse donc les années du règne du roi soleil et on tente de comprendre le fonctionnement de l’État et la charge de roi

En revanche, à travers les écrits de Louis XIV pour son fils, ne cherchez pas de la tendresse, il n’y en a pas, on n’est pas là pour ça ! C’est très sérieux, c’est certes une transmission de valeurs et d’idées mais on ne ressent aucun sentiment – même lorsqu’il parle de la naissance de celui-ci !

Ces trois cent et quelques pages ne sont pas seulement instructives, elles vous emmènent véritablement ailleurs, comme le ferait un roman ! J’ai pris un réel plaisir pendant ma lecture. Certes, même pour les amateurs d’Histoire, ce recueil de pensées n’est pas forcément facilement abordable. Mais si vous sentez que vous vous noyez, n’hésitez pas à prendre le temps, à lire quelques pages de temps en temps : la patience est une qualité pour les lecteurs autant que pour les monarques !

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